J’ai arrêté de fumer
Voici le témoignage de Gérard qui a arrêté de fumer grâce à l’hypnose :
Je fumais. Depuis l’époque où, jeune ado, je profitais des « tafs » de mes copains puis j’économisais pour acheter de temps à autre les fameuses P4 qui me permettraient d’entrer dans le monde des grands. Très vite, mon paquet de cigarettes est devenu mon compagnon dans mon accession à l’indépendance, dans mon accès au monde des adultes, à des groupes, des communautés. Sur le terrain vague où nous jouions au foot, à la cabane, puis à des jeux interdits, la cigarette est devenue le signe de ralliement. Plus tard, elle souda la bande du quartier, mais fut aussi une façon de rencontrer les copains à la sortie du lycée…
Plus tard encore, les arrivées dans ma « Dauphine » avec cette désagréable odeur de tabac froid qui rappelait les bien bons moments passés auparavant. Et puis personne ne s’en plaignait. Je fumais alors « comme un pompier ». Le jeune adulte que j’étais profitait de la détente que m’apportait ma cigarette, ma pipe un peu plus tard. Les belles heures que je passais à écouter Brassens dans cette ambiance vaporeuse !
Heureusement, ce n’était pas cher ! Mais, outre le prix à payer pour les paquets, pour le Clan, l’Amsterdamer, je subissais le contrecoup de ces plaisirs sous forme d’angines, d’étouffements… Bref, je consultais des médecins qui me conseillaient tous d’arrêter de fumer et me prescrivaient des traitements pour « m’aider ». Je respectais scrupuleusement leurs prescriptions à l’exception d’arrêter de fumer. Tout allait bien.
Un jour, je consultai un nouveau médecin. Après m’avoir examiné, il me prescrivit l’arrêt du tabac, lui aussi. Je l’écoutais poliment puis, surpris de son oubli, je lui demandai mon ordonnance. Il me regarda tranquillement et me répondit : « rien. Il vous suffit d’arrêter de fumer ». Je sortis, et jetai alors mon paquet de gauloise. J’arrêtai alors de fumer… durant 18 ans.
J’étais alors directeur dans une école que je n’oublierai jamais tant j’ai pris plaisir à y travailler. Les élèves travaillaient, apprenaient, y étaient heureux, me semble-t-il, les parents aussi, et les enseignants déclarent encore qu’ils n’ont plus jamais retrouvé l’enthousiasme et le plaisir d’enseigner de cette époque. L’ambiance entre toutes ces personnes était extrêmement agréable et nous passions avec plaisir du temps ensemble, multipliions les occasions de nous retrouver après le travail, buvant et ripaillant souvent. Lors de ces moments de plaisir, certains proposaient une cigarette. J’en acceptais une puis deux, puis achetai un paquet pour le partager avec mes amis. Et je me remis à fumer.
Durant 26 ans, je continuais. Où que j’aille, j’étais accueilli comme membre de la petite famille des fumeurs. C’est devant le lieu de la réunion, du stage, que je discutais avec des participants, me faisais de nouveaux amis. Le temps des pauses devenait un temps essentiel de mes engagements. Pourtant, ma femme m’incitait à cesser. Ma fille aussi me mena une guerre sans merci. Rien ne me fut épargné. Et pourtant je continuais.
Aiguillonné par la réprobation familiale, je tentais des substituts comme les cachous, le bâton de réglisse, la pose de patchs… Aucun effet. J’arrêtais régulièrement durant quelques jours. J’essayais le vapotage. Sans succès. Les produits qui réussissaient magiquement. Rien. J’en plaisantais en disant que personne n’avait arrêté de fumer autant que moi.
Bien entendu, comme la grande majorité des fumeurs, j’aurais bien voulu mais en vain et je pensais que je n’avais pas assez de volonté pour mener au bout ce projet. Depuis de longs mois, j’avais abandonné tout espoir d’arrêter. Un jour, je cédai et pris un rendez-vous avec une praticienne d’hypnose. J’y allais, même si je pensais que c’était « pour rien ». Avec la praticienne, la discussion préalable était intéressante. Je parlais de mon addiction, elle de sa pratique et j’avais du mal à considérer cet échange susceptible de me transformer. Dans la continuité de la discussion, sans rupture, elle se mit à me parler avec une voix différente, inaudible, de plus en plus étouffée, lointaine. Au bout de quelques instants, je « décrochai » et me mis à penser à autre chose, à ce que je ferai en partant…
Devant le café que l’on m’apporta en partant du cabinet, je m’étonnai de n’avoir pas vraiment envie d’une cigarette : et si je jouais le jeu ? Bien entendu, je ne cessais de penser aux cigarettes mais m’émerveillais de ma résistance. Je gardai même dix jours mon dernier paquet de cigarettes entamé, dans le tiroir de mon bureau dix jours jusqu’à la venue de mon neveu qui le finira ! Au bout de 6 mois d’arrêt complet, je fis un test et rejoignis mon neveu qui allait fumer sur le balcon et lui demandai une cigarette. Je la fumai, sans plaisir, pour voir. Un an après, je n’ai toujours pas repris. Et toujours pas envie !
Maintenant, beaucoup de choses ont évolué. Il m’arrive encore de penser à ces petits plaisirs qu’il me semblait me faire. Mais nulle envie de retrouver cette addiction. Je suis un peu plus libre d’agir. Ce qui me surprend toutefois, c’est qu’une simple séance menée par une praticienne, qui ne me connaissait pas et qui, quoique sympathique, m’était indifférente, ait pu me bouleverser à ce point. La seconde séance ne fit que confirmer et renforcer ma décision tout en tentant d’y mettre du sens. Des espaces mystérieux existent que la science n’a pu encore étudier mais j’ai la conviction que nous sommes sur le chemin pour devenir encore plus humains et comprendre un peu mieux notre monde.
Add A Comment